Billet du 11 novembre 2007

« Norman Mailer, pour le meilleur et pour le pire… »

Bonjour,

Norman Mailer est mort. Celui qui fut l’un des plus grands écrivains américains est parti dans sa quatre-vingt cinquième année. Il fut pendant près de 60 ans l’enfant terrible de la littérature américaine en incarnant un « journalisme littéraire » qui s’est attiré les foudres de tout ce que l’Amérique pouvait
compter d’institutions. Pourfendeur du clan Bush, Norman Mailer avait commencé sa carrière littéraire en 1948 en publiant à l’âge de 25 ans son premier roman « Les Nus et les Morts » inspiré de son expérience durant la guerre dans le Pacifique-Sud pendant la Seconde guerre mondiale, ouvrage écrit soit dit en passant à Paris.

Ce jeune homme né dans une famille juive du New Jersey se distingua en entrant à Harvard à l’âge de 16 ans. Ses études dans l’aéronautique ne semblaient pas le destiner à la carrière d’écrivain. Sa démarche atypique d’une écriture journalistique lui a valu à deux reprises d’être distingué par le prestigieux prix Pulitzer. Il était à lui seul un personnage de roman. Harvard ou Yale furent une étape de sa vie tout comme le fut la boxe à un niveau professionnel, ou sa présentation à la candidature au poste de Maire de New-York, ou encore sa carrière d’acteur et de metteur en scène. Ses frasques sentimentales ont alimenté la chronique, marié à six reprises, il eut neuf enfants. Un personnage complexe qui tenta d’assassiner sa femme, cette dernière n’ayant jamais voulu porter plainte contre son mari pour ce crime.

Norman Mailer était un provocateur et un militant. Provocateur il l’était en étant considéré comme « le poil à gratter » de l’Amérique et pour ses admirateurs comme la conscience des Etats-Unis. Lorsque l’année dernière l’ambassadeur de France lui avait remis la légion d’honneur, il avait dit de Mailer qu’il était un : "héros américain avec un amour féroce pour la liberté, et un intellectuel qui a pris position dans toutes les grandes luttes de son temps". C’est bien le militant qu’il convient de saluer. Opposant à la guerre du Vietnam il fut l’un des acteurs majeurs de ce que l’on appelait la contre-culture américaine
dans les années 50.

Ce qui est remarquable, c’est que Norman Mailer aura occupé l’avant scène de la littérature jusqu’à sa mort. Il venait de publier le premier tome d’un ouvrage très controversé et détruit par la critique : « Un château en forêt » qui entendait retracer la jeunesse d’Hitler. Il projetait d’en écrire la suite avant que la maladie ne lui rappelle ses années durant lesquelles il avait tant négligé son corps. Norman Mailer qui revendiquait son athéisme s’était mis à croire en Dieu ou plutôt en un Créateur pour le citer, lui le petits fils d’un Rabbin de Vilnus. Il termine sa vie comme un dernier round stoppé par le gong.

Shavouah tov, bonne semaine à tous et à dimanche prochain.

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